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Le choc des pensionnats

Katherine Sorbey
13 Décembre 2010
Listuguj

« Nous ne comptions pas comme peuple, comme êtres humains »

Katherine Sorbey, Mi'qmaq

C’était choquant et ce fut un choc ! L’instauration unilatérale des pensionnats par le gouvernement canadien fut un geste de domination inconcevable aux yeux des Premiers Peuples, un traumatisme humain et culturel engendrant la destruction de l’unité familiale et un désespoir profond. Les valeurs morales de respect, de partage et d’attention aux autres, transmises naturellement par la langue et l’expérience, ne pouvaient plus l’être. Coupés de leurs enfants, les parents se voyaient privés de leur capacité d’enseignement au profit d’étrangers ne partageant pas leur culture. Les fondements des nations attaqués, les esprits ont fui. « Nous n’aurions jamais pu comprendre, convient Katherine Sorbey. Je ne le pouvais pas et encore aujourd’hui, je ne comprends toujours pas. »

Transcription

Madame Kathy Sorbey est assise face à une fenêtre avec des rideaux de dentelle blanche. Près d’elle se trouve un mur vert décoré de photographies encadrées.

Eh bien, beaucoup de choses ont changé, vous savez. Les relations ont changé entre nous... Je pense que c’est surtout à cause, euh, du changement culturel qui a eu lieu, à cause de la perte de la langue. À l’intérieur de la langue, de la langue mi’gmaq ou de la plupart des langues autochtones, les valeurs morales d’un peuple sont intégrées à la langue, comme le respect, l’honneur et, euh… Il y a vraiment, euh... Je ne pense pas que notre peuple ait jamais eu un cadre hiérarchique comme celui qu’il y a aujourd’hui. Nous avons été élevés, même à mon époque, nous avons été élevés pour être, pour être… Le peu dont je me souviens de mon enfance… Beaucoup de gens étaient égaux, égaux, vous savez. Le besoin, le partage et l’attention et... Comme si la nation mi’gmaq était comme une famille. C’était si étroitement lié, d’une telle façon… Je peux probablement vous donner un exemple encore une fois. C’est que, euh, à cause du, euh, respect total pour nos aînés, et par respect pour la vie qu’ils ont vécu, vous savez? Ils ont appris beaucoup plus que nous. On n’est pas encore arrivés à leur stade. On nous préparait à être de bonnes personnes quand on serait plus vieux. C’est ce qui était amorcé en vous dès l’enfance. Et à travers la langue, ce n’était pas une chose difficile. Nous n’y pensions pas. Nous n’avons jamais vu ça comme une leçon. Nous l’avons juste vécu, vous savez. Nous l’avons juste vécu. Et les exemples qui nous ont été donnés par nos ancêtres, nos grands-mères et d’autres avaient tellement de sens dans la vie quotidienne que nous n’avions pas besoin de livres. Donc, euh... Je pense qu’au fil des ans, la perte de la langue a joué un grand rôle dans l’enracinement des peuples autochtones, des nations. L’unité familiale avait disparu. Les enseignements des grands-pères et des grands-mères, des mères, des pères, des oncles et des tantes, ça nous a été enlevé. Ça a été enlevé aux parents. Et je crois fermement, en tant que mère aujourd’hui, que cela a dû être une dévastation terrible pour ces parents, de se faire enlever leurs enfants et de perdre la capacité d’enseigner, de perdre la capacité de l’esprit. L’esprit est parti. Ils ont été vidés spirituellement. Aucune chance de… euh, de poursuivre la voie dans laquelle ils ont été élevés avec leurs enfants. Et tout cela à cause des règlementations du gouvernement envers les autochtones. Et personne, personne ne semble comprendre la dévastation que ça a créée. Et je crois fermement que — oh! mon Dieu! — pendant plus de 50 à 70 ans, je crois que les nations autochtones ont vécu dans l’obscurité du désespoir, dans une noirceur culturelle. Cela a tellement nui à l’épanouissement, l’épanouissement d’une nation qui, de toute façon, n’était pas voulue par le gouvernement canadien. Ils voulaient juste qu’on disparaisse, tu sais, qu’on disparaisse et pas, euh… Comme si on ne comptait pas en tant que peuple, en tant qu’êtres humains. Et qu’on n’importait pas. Et c’est tout, euh... Nous n’avons jamais pu le comprendre. Je n’ai jamais pu en tant que personne... Même aujourd’hui, je ne le comprends toujours pas.

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Le cœur dur

Rose-Anna McDougall. Anne Tremblay
29 Juin 2011
Pikogan

« Je ne l’ai pas sentie la ceinture. »

Rose-Anna McDougall, Anishinabe

Quand elle était au pensionnat, Rose-Anna McDougall a souvent été appelée au bureau du Père principal pour y recevoir une correction. Un jour, elle s’est dit : « Toi, tu ne me feras plus mal ! » et malgré les coups répétés, elle n’a pas eu mal. « C’est de la dissociation », lui explique Anne Tremblay. Pour échapper à la douleur, l’esprit se déconnecte, le cœur durcit. La personne ne ressent plus rien, dans les bonnes comme les mauvaises situations. Et cette réaction, comme le traumatisme qui l’a fait naître, affecte profondément l’existence. Avec de l’aide, on peut abattre les murs que l’on avait construits pour se protéger, retrouver le chemin des émotions et recommencer à vivre. On revit.

Transcription

Intérieur. Rose-Anna McDougall est assise à gauche de l’écran et sa fille, Anne Tremblay, est à droite. Un bureau se trouve devant elles.

Rose-Anna McDougall

Y nous a amenées voir le principal. Le père principal, y nous a donné des, une volée. Celle-là, je m’en souviens. J’ai dit, quand que tu te dis, euh, quand… Moi, je crois à ça, quand tu te dis là : « Toi, tu m’feras pas mal. Toi, tu m’feras pas mal. » Parce que je voyais ma p’tite, ma, ma cousine, se faisait fesser dessus là. Pis moi, j’avais-tu peur quand j’voyais ça! Fait que quand j’ai vu ça là, j’ai dit pis là, j’me suis dit : « Ah! Toi, tu m’feras pu mal! Tu me feras pas mal! » Je m’suis dit, comme ça. Pis, euh, quand y’est venu pour moi, me fesser, c’est drôle, hein! J’ai pas eu mal. Je l’ai pas sentie, la belle ceinture. Eille! C’est spécial, t’sais! Je sentais pas la, la… le coup. C’est vrai que tu peux... Je sais pas comment j’ai fait.

Anne Tremblay

C’est la dissociation, ça. Tu peux te dissocier.

Intervieweur

Ah! oui ? Je savais pas.

Anne Tremblay

Tellement fort là que tu peux te dissocier, mais y’a des conséquences face à ça.

Intervieweur

Oui.

Rose-Anna McDougall

Pis là, ben, je, je riais, le monsieur, je riais, ben pas le monsieur, le prêtre là, je riais pis y’était rouge, rouge, rouge. Pis moi, ben, je trouvais ça drôle.

Intervieweur

Pendant qu’il vous frappait, vous riiez de lui? Ça l’mettait en maudit!

Rose-Anna McDougall

Parce que y’était fâché après moi! Mais moi, j’essayais, t’sais… Y’était fâché après moi, mais je trouvais ça parce que y’était fâché après moi, parce qu’y m’faisait pas mal. C’est bizarre. […]

Fondu au noir.

Anne Tremblay

Ben, c’est parce que, t’sais, à un moment donné, tu ressens pu. Tu sais, la dissociation, qu’est-ce que ça peut faire, c’est que, quand quelque chose qui t’arrive de joyeux même, t’as d’la misère à ressentir tes émotions parce que t’as appris à tout le temps te dissocier des choses, à te dissocier pour, c’est comme tu te protèges, c’est une façon de te protéger. Tu veux pas avoir mal, tu veux pas voir, tu ne veux pas ressentir, donc tu peux pu ressentir ni le bien ni le, euh, c’qui est bon ni c’qui est pas bon. Si t’as appris à te dissocier des choses qui [sont] pas bon[nes], tu veux pas ressentir, tu veux pas l’voir, tu te dissocies de ça, t’essaies d’être ailleurs de ça pour pas avoir mal. « Tu ne me feras pas mal. » Donc, tu te dissocies d’ça. Mais quand qu’y’arrive quelque chose de bon aussi, dans ta famille ou des choses comme ça, des fois, tu peux pas tout ressentir ces choses-là aussi. Tu comprends? Fait que ça, ça l’a une conséquence aussi face à ça.

Intervieweur

Ben, on en a souvent parlé, de tout l’aspect émotionnel qui est important dans l’harmonie, dans [la] santé. Mais là, c’est comme si était complètement éteint ou presque?

Anne Tremblay

Ben, ça l’a eu un impact, faut réapprendre.

Rose-Anna McDougall

Parce que quand t’arrive quelque chose de pas, mettons si t’as peur là, c’est tout de suite, inconsciemment, tu te fermes. T’as une protection que tu fais en toi, en dedans de toi. Fait que, tu sais, t’as pas de, y’a quelque chose là que ça marche pas. Tu demandes comme, moi-même, je me suis demandée comment ça se fait que je sens des affaires de même comme. Mais, je ne savais pas que c’était dans c’te passé-là que j’ai vécu de le. Je me suis complètement… Je me suis pas sentie. Quand mes, mes… la sœur, ma sœur est morte, ou mes frères sont morts, j’avais pu, ça m’atteignait pu. J’étais dissociée. Je veux dire, euh. J’ai dit… Pis là, ben j’ai dit : « Comment ça que j’me sens ça? » J’ai dit : « Y j’me sens comme indifférent? J’ai donc bien un cœur, un cœur dur. » J’me suis sentie de même souvent. « J’suis donc ben, j’ai un cœur dur », j’ai dit. Je sentais rien que…

Intervieweur

Ça, vous avez pas compris tout de suite pourquoi?

Rose-Anna McDougall

Ben non! J’ai pas compris pourquoi tout de suite. Mais là, j’t’allée en thérapie à un moment donné pour le deuil de mes... Il m’est arrivé quelque chose avec mon frère, pis tout ça. Eille! Ça, ç’a brassé pas à peu près toutes les choses que c’est que, parce que je m’suis ouvert[e]. Pis là, je m’demandais. Pis là, le monde y m’comprenait pas. J’ai essayé de parler dans des… Je m’comprenais pas moi-même, pis le monde y m’comprenait pas. J’voulais m’en sortir de d’là, mais j’étais pas capable de, de… Mais c’est juste quand que j’t’allée en thérapie, que j’ai commencé n’en parler de ça, que c’est qui m’est arrivé quand j’me suis mis[e], euh, quand que on m’a fessée pis que j’ai pas eu mal là. C’est là que j’ai commencé à recevoir. « Ah! oui! C’était ça! » Pis c’est que quand qu’est arrivé, j’ai un de mes frères qui est mort. Ç’fait pas longtemps, mais là, je l’ai vécu mon deuil là, t’sais. J’ai vécu là que c’est que. Mais, les autres, j’ai pas vécu.

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Grandes blessures, grand courage

Irene Otter
17 Juin 2011
Waswanipi

« Votre trauma, vous ne pouvez pas le voir. »

Irene Otter, Eeyou

Les pensionnats autochtones et les déracinements ont laissé des cicatrices. Les plaies sont si profondes que l’on en vient parfois à oublier ce qui les a causées. À l’intérieur, la douleur est toujours vive, la souffrance à fleur de peau. Pour l’endormir, l’alcool et la drogue servent de médicaments. À la longue, la consommation consume ceux et celles qui choisissent cette voie, jusqu’à ce que naisse le désir de s’en libérer pour se retrouver. Le travail de guérison est long et demande du courage ; il faut ouvrir des blessures anciennes pour découvrir ce qu’elles cachent. L’accompagnement est essentiel. C’est toujours avec bienveillance que l’on soigne le cœur.

Transcription

Entrevue avec Irene Otter. Une image d’elle accompagne le son de sa voix.

Irene Otter

C’est un long processus de… de trouver sa guérison, surtout si vous ne voulez pas vous pencher sur ce qui a causé la souffrance. Et, pour certains, je suppose que c’était trop traumatisant pour eux de s’ouvrir, d’ouvrir cette petite blessure et de voir ce qu’il y a là. Alors, pour eux, c’est comme s’il y avait encore de la colère et toutes les choses négatives de leur vécu. Certains commencent à s’ouvrir. Certains ont mis 30 ans pour s’ouvrir, 30 à 40 ans pour admettre que cela leur est arrivé dans leur vie. Et une fois… Une fois, j’ai dit… J’ai dit que, parfois, ils oubliaient ce qui avait déclenché cette douleur. Alors après des années et des années à repousser cela, vous ne savez pas ce qui s’y trouve.

Ils boivent, prennent de la drogue, vous savez, développent d’autres choses, développent d’autres dépendances pour cacher cette souffrance. Au bout d’un moment, ils oublient ce que c’était. Non pas qu’ils ont oublié, mais ils ont poussé si loin… que c’est difficile pour eux de trouver de quoi il s’agissait. Donc, c’est difficile d’en parler et de se dire… Bon! C’est ce qui est arrivé au courant de leur vie. Donc, c’est un assez long processus pour qu’ils commencent à en parler.

Alors, il faut être patient et attendre qu’ils disent : « OK! J’en ai assez de cela! J’aimerais bien me retrouver de nouveau ». Comme je vous le disais hier, il a fallu que j’aille me retrouver. Je pensais que j’étais perdue, mais je ne l’étais pas. J’étais immobile. C’était juste caché à l’intérieur. Mais, c’est ce que j’essaie de dire aux gens : c’est à l’intérieur de vous. Peu importe ce que c’est, la souffrance, tu dois t’ouvrir lentement. Vous n’avez pas… La guérison ne prend pas un jour, comme lorsque vous vous coupez. Bien sûr que ça ne se guérira pas tout de suite. Ça va prendre un peu de temps. C’est la même chose avec tout ce qui t’a blessé auparavant. Mais, au moins, quand c’est physique, vous pouvez voir ce qu’il y a. Mais, la souffrance… Quelqu’un vous blesse… Vous savez, vos sentiments, vos émotions, votre physique... Tout cela fait partie du… du traumatisme?

Intervieweur

Oui, le traumatisme.

Irene Otter

Ouais, traumatisme.

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